La nuit n'allait pas tarder à tomber d'ici quelques heures. Stacy avait quitté l'intérieur du centre commercial dans lequel elle s'était réfugiée toute la journée. Les gens ne pouvaient pas dormir dans le centre commercial. Au moins il y avait eu quelques stands de dégustation gratuite et elle avait pu manger un peu.

L'adolescente ne savait pas trop où aller pour dormir... la nuit dernière elle s'était endormie sous un pont. Elle n'avait pas exploré autre chose que le centre commercial, trop effrayée pour s'aventurer davantage.

Elle était assez loin de la Slovaquie maintenant... sur la carte, tout un océan les sépare. Son père ne pourrait pas la retrouver.
Mais... Stacy ignorait quoi faire à présent.
Elle n'avait pas d'argent, et plus de papiers valides. Elle ne pouvait pas trouver de travail sans ces derniers, si... ?
Les agents de l'aéroport l'avait laissé passer même quand ils avaient vu qu'elle n'avait pas de papiers... peut-être que quelqu'un voudrait bien lui en faire ?

Tout en réfléchissant, Stacy marchait dans le quartier, à la recherche de pont sous lequel elle avait pu dormir. Mais elle finit par se rendre compte qu'elle avait pris une mauvaise direction, en constatant qu'elle ne parvenait pas à reconnaître les rues devant elle.

La brunette regarda autour d'elle, un peu apeurée par l'aspect effrayant de cette partie du quartier, où peu de personnes se trouvaient à part elle.
Peut-être qu'elle devrait retourner sur ses pas.
Stacy observa tour à tour le peu de passants devant elle, hésitant à demander son chemin avant de se raviser. Ces personnes étaient effrayantes.

Il y avait cet homme très grand qui traversait la rue, il avait l'air un peu plus gentil lui. Elle croisa son regard sans le vouloir et détourna immédiatement les yeux.
Il continua son chemin.
Stacy lui jeta un dernier coup d'œil avant de commencer à revenir en arrière, d'un pas hésitant.

Comme tous les jeudis, de seize à dix-sept heures, Rhys était chez Lily pour une séance de thérapie. Il parlait, elle écoutait. Et bien sûr, en tant qu’amie, cette dernière se permettait de lui donner quelques conseils. « Fais-toi des amis, sors un peu, trouve-toi une copine » et ainsi de suite, la liste était longue à vrai dire.
Affalé sur le siège, le gallois n’avait rien d’autre à dire. Pour une des rares fois, tout allait bien dans sa vie – mis à part le fait que ses cauchemars étaient toujours autant récurrents. C’est sur cette note rassurante que Lily le laissa partir.
Rhys, en sortant, ramena sa veste contre lui, l’air glacial le faisant frissonner. Les loups n’étaient pas supposés avoir tout le temps chaud ? Ouais bah, ce n’était pas le cas. Tout en marchant, il remarqua que le soleil menaçait à tout moment de se coucher, ce qui le fit maugréer. L’hiver avait ses conséquences.
Il prit un virage dans une autre rue - un peu plus espacée, et alors qu’il se plaignait du froid, son regard s’attarda sur quelqu’un. Enfin, c’était plutôt une gamine… qui était toute seule, dans ce recoin pourri du Queens. Il ralentit un peu, l’observant pendant quelques secondes. Elle avait vraiment l’air jeune avec sa bouille enfantine, que faisait-elle ici ?
Rhys reprit la marche, ne voulant pas se mêler des affaires des autres avant de doucement s’arrêter. En plus d’être toute seule, elle avait l’air perdue. Peut-être qu’elle fuguait… ouais, ça devait être ça. C’était qu’une ado en crise. Pas vrai ?
– Merde, murmura-t-il à lui-même.
Pourquoi avait-il si envie de l’aider ? Le gallois, sans vraiment se rendre compte, s’était approché de la jeune fille.
– Euh… bonsoir.
Et s’il avait l’air d’un type qui lui voulait du mal ? Ce n’était pas du tout son intention.
– Tu as besoin d’aide ? Tu es toute seule et c’est dangereux, ici.
Il s’arrêta quelques instants. Cette fille n’avait ni sac, ni vêtements adaptés pour le froid polaire qu’il y avait en ce moment. Devait-il lui proposer sa veste ? Il préférait éviter tout mouvement brusque, elle avait l’air apeurée.
– Tes parents savent que tu es ici ? ajouta-t-il d’un ton doux.
Ça faisait beaucoup de questions à la fois, mais il ne pouvait pas s’empêcher. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être comme ça… c’est comme si son intuition lui ordonnait de l’aider un minimum.

Stacy avait commencé à revenir sur ses pas, espérant retrouver son chemin de cette façon. Mais la voix qui retentit dans son dos la fit s'arrêter. Elle se retourna et découvrit le monsieur qu'elle avait vu passé devant elle quelques secondes plus tôt.
"B-Bonjour.."

Elle avait doucement begayer, en se concentrant pour comprendre ce qu'il lui disait et réussir à parler en anglais. Cette langue était nouvelle pour la brunette, elle avait peur de ne pas comprendre ou que lui ne la comprenne pas..

Elle était obligée de relever la tête pour pouvoir le regarder. Stacy se mordit la lèvre en tachant d'assimiler ce qu'il venait de dire, ainsi que trouver comment répondre.
"Aide.. ? Je... Je c-cherche.. pont.. pour dormir.. suis p-perdue.."

Elle n'était pas sûre d'avoir expliqué correctement, son accent européen empiéter sur ses mots.
Il avait dit que c'était dangereux ici..
Stacy regarda autour d'elle, anxieuse.
Et si quelqu'un venait leur faire du mal.. ?

Puis, il parla de ses parents.
Stacy releva la tête vers lui, effarée, ses grands yeux bleus le fixant avec une terreur palpable, avant qu'elle ne secoue vivement la tête.
Elle baissa les yeux, une expression douloureuse accrochée au visage.
Son père ne devait surtout pas savoir.. s'il savait où elle se trouvait, alors..
"Ma-Maman est.. partie.. longtemps.. Papa.. d-doit pas savoir.. Il va.. Il va être... très très énervé sinon.."

Sans s'en rendre compte, elle avait croiser ses bras, les frottant comme pour se réchauffer, mais elle avait finit par planter ses ongles dans sa peau, en terminant sa phrase.

Il allait la tuer s'il la retrouvait..

La première impression qu’eut Rhys de la jeune fille était qu’elle avait l’air d’un chaton perdu. Au beau milieu d’un recoin pas très rassurant du Queens… génial. Lorsque le loup s’approcha de l’adolescente, cette dernière semblait commencer à partir et ce fut la voix masculine qui la fit stopper. Elle le salua aussi, mais contrairement à lui, elle bégayait. Avait-elle peur ?
Il lui demanda donc si elle désirait de son aide et sa réaction fut des plus surprenantes. Déjà, elle ne semblait pas venir d’ici, son accent couvrant ce qu’elle disait – enfin, Rhys avait aussi un anglais « bizarre ». Ensuite, le fait qu’elle veuille trouver un pont pour dormir lui arracha un pincement au cœur. Comment quelqu’un pouvait se retrouver sans ses affaires, seul et surtout, si apeuré ?
– Un pont ? Pourquoi…
Rhys ne continua pas sa phrase, préférant lui demander si ses parents n’allaient pas s’inquiéter. C’était LA question à ne pas poser, car clairement l’ado en face de lui semblait paniquer. Elle était même… terrorisée ? Que s’était-il passé ? Le loup ne put s’empêcher de serrer les poings lorsque la jeune fille lui expliqua que sa mère était partie et que son père allait se fâcher. Est-ce que c’était une enfant maltraitée ? Comment… comment pouvait-on faire une chose pareille ?
Il voulait lui poser plus de questions, mais l’état de la fille ne lui permettait pas de le faire. Et si elle paniquait ? A la place, il prit quelques instants pour l’observer et remarqua qu’elle tentait de frictionner sa peau pour un peu de chaleur. Alors, il retira sa veste sans rien dire et vint le déposer sur ses épaules. Elle était en jupe et en t-shirt en hiver, c’était quand même étrange.
– Tu vas attraper un rhume, comme ça, maugréa-t-il.
Pourquoi agissait-il comme ça ? D’accord, c’était quelqu’un qui aimait prendre soin des gens auxquels il tenait, mais il ne la connaissait même pas. Maintenant, il avait encore plus froid, cependant il ne voulait pas le montrer.
Que pouvait-il faire ? Lui proposer de dormir chez lui en attendant une solution ? Ouais, nan… il aurait l’air d’un type bizarre.
– Tu as faim ? Je connais un bon restaurant près d’ici.
Il se tut un instant, un peu inquiet à l’idée qu’elle le prenne pour un mec aux mauvaises intentions. Il ajouta frénétiquement :
– Je payerai, bien sûr.

Stacy triturait nerveusement ses mains en essayant d'expliquer ce qu'elle faisait ici. Le monsieur eût l'air surpris que ce soit un pont qu'elle cherche.
« Je.. ai pu.. d-de maison.. a-alors j'ai.. dormi sous pont.. pour être à l'a-abri. »

Avant d’arriver à New York, des familles l’avaient hébergé mais ici.. les gens étaient tous pressés, personne n'avait fait attention à elle. Les rares personnes à l'avoir remarqué ne s'étaient probablement pas rendu compte qu'elle était sans abri, alors elle n'avait pas trouvé d'endroit où dormir à part le pont.

La brunette, qui avait baissé timidement la tête, la releva brutalement lorsqu'il lui posa une question sur ses parents.
Sa maman ne s’était plus inquiétée pour elle depuis qu'elle avait choisi de l'abandonner avec papa. Et lui.. il était plus furieux qu'inquiet pour elle, Stacy en était sûre.

Elle bafouilla son explication d'une petite voix, rendue nerveuse de parler de ça, avant de détourner les yeux en se frictionnant les bras, plus pour se rassurer qu'à cause du froid.

Elle sursauta légèrement quand il posa sa veste sur ses épaules, disant qu'elle allait attraper un rhume sinon.

« J'ai pas d'autres.. vêtements.. »

Elle n'avait pensé qu'à partir le plus loin possible, le reste elle n'y avait pas du tout songé.
Puis il lui proposa de lui payer à manger. Elle n'avait pas avalé grand-chose aujourd’hui, et il avait l'air gentil.. ce serait mieux que de se perdre dans la ville.
Stacy hocha doucement la tête.
« J-Je veux bien.. j'ai pas.. beaucoup mangé aujourd'hui.. »

Tandis que ses doigts gigotaient entre eux, la raison pour laquelle la jeune fille se trouvait ici fut surprenante. N’ayant plus de maison, son seul refuge était un pont qui était désormais introuvable. Donc, ce n’était probablement pas une fugueuse, non ? Son anglais, quelque peu cassé, était en revanche tout à fait compréhensible.

Rhys se tut et la laissa s’expliquer sur le sujet « parents » qui semblait l’effrayer plus que tout. Sans savoir pourquoi, il se fit la note mentale de ne plus en parler sauf en cas de nécessité. Alors, le loup préféra éviter de poser plus de questions et enleva sa veste, qu’il vint mettre sur ses épaules froides tout en maugréant sur le fait qu’elle allait tomber malade. La pauvre… traîner dehors avec une telle tenue en hiver lui faisait de la peine. D’habitude, il ne prenait même pas le temps de regarder les sans-abris et là…

La jeune fille lui avoua ne pas avoir d’autres vêtements. S’il n’y avait plus de maison, il n’y avait probablement pas de sac. Face à cette révélation peu étonnante, Rhys fit de son mieux pour ne pas avoir l’air peiné.

– Il te faut aussi ça, alors.

Il retira la grosse écharpe qu’il avait et vint doucement l’enrouler autour de son cou, histoire de ne pas la brusquer. Rhys avait l’impression d’être sa mère quand il était lui-même plus jeune… « N’oublie pas ton écharpe et ferme ta veste ». Il fit un petit sourire, ce qui était rare pour le loup aigri, et lui proposa un bon restaurant près d’ici. Elle accepta.

– Viens, ce n’est pas très loin.

Tout en marchant, il en profita pour faire la conversation.

– Alors, euh… tu t’appelles comment ? Moi c’est Rhys. Tu ne viens pas d’ici, non ?

Rhys espérait que la jeune fille ne prenne pas mal sa curiosité, peut-être n’avait-elle pas envie de parler de sa vie. Et si elle fuyait la mafia ou ce genre de choses ? Ça se trouve, elle s’était embarquée dans une sale histoire. Ils prirent un léger virage et le loup vint mettre ses mains dans ses poches, tentant de ne pas ressentir l’air glacial l’effleurant.

Il s’était un peu éloigné pour montrer qu’il ne voulait pas lui faire du mal. Les gars bizarres collaient les filles et lui voulait faire la différence en laissant de l’espace entre eux. Il entra en premier dans le restaurant et tint tout de même la porte pour elle.

– C’est un coin plutôt cosy et y a pas mal de choix donc si tu es végétarienne… dit-il en lui proposant une chaise.

Rhys était un campagnard, mais il restait un gentleman. Enfin… lorsqu’il parlait aux gens et ça n’arrivait que très rarement.
 

Il enroula doucement l'écharpe autour de son cou, dans un geste plein de tendresse. Stacy y enfouit son visage, la trouvant réconfortante dans le froid glacial. Le froid lui faisait penser à la solitude.. Elle n'aimait pas ça.
"C'est.. tout doux.."

Elle aimait bien cette sensation..
Le monsieur avait raison, elle avait besoin de vêtements. Mais elle n'avait rien pour en acheter, ou les ranger.
"J'ai pas.. argent pour acheter.."

Elle murmura d'une petite voix, cachée derrière l'écharpe.
Au moins elle aurait à manger ce soir. La brunette suivit à petits pas rapides son bienfaiteur, qui avait des jambes bien plus grandes que les siennes.
Sur le chemin, il se présenta et lui posa quelques questions.
L'adolescente se concentra pour ne pas écorcher son propre nom, qu'elle n'avait pu entendre qu'une fois.
"S-Stacy.. White.. je viens de.. Europe.. en Slovaquie. C'était.. un petit village, je crois.."

Elle ne l'avait jamais qu'aperçu, leur maison était isolée et elle n'était guère sortie jusqu'à présent.
Ils arrivèrent vite jusqu'au restaurant, et Rhys lui tint la porte en lui donnant des précisions.
Stacy entra timidement, sans savoir où se mettre et attendait que Rhys rentre à son tour et les emmène à leur table.

"Je.. J'ai pas.. d'exi.. exigences sur ça."

Elle s'assit doucement sur la chaise qu'il lui proposait, et remonte son écharpe sur elle, observant le décor et les gens autour. C'était la première fois qu'elle venait dans un endroit de ce genre.
 

Il voulut lui pincer les joues lorsqu’il la vit s’enfouir dans l’écharpe en laine. Encore une fois, c’était quelque chose que sa mère aurait fait… est-ce qu’il devenait comme sa génitrice ? Cette dernière était une éternelle inquiète. L’ado lui confia alors qu’elle n’avait pas d’argent sur elle, ce qui était compréhensible. Rhys acquiesça.

– Ne t’inquiète pas pour ça.

Tandis qu’ils se dirigèrent vers le restaurant, l’interrogation – qui n’était qu’alimentée par la curiosité et rien d’autre, continua. Elle se nommait donc Stacy White et venait d’Europe, comme lui, de la Slovaquie. Son accent prit tout son sens… mais son nom faisait très américain. Il ne s’y connaissait pas du tout en géographie, alors il refoula la pensée.

Et d’ailleurs, comment avait-elle fait pour arriver ici ? Peut-être que son père et elle avaient emménagé en Amérique récemment. Cependant, ces questions furent sans réponses, car ce n’était pas le moment d’engager ce genre de choses.

– Enchanté, Stacy, s’exclama Rhys avec un autre sourire.

La façade du restaurant se montra rapidement et une fois à l’intérieur, la dénommée Stacy expliqua qu’elle n’avait pas d’exigences. Ils vinrent se mettre à table et Rhys se mit à réfléchir à ce qu’ils pouvaient manger.

– En tout cas, il faut un plat chaud.

Le serveur, un peu nonchalant, vint près d’eux. Rhys mit quelques minutes à choisir quelque chose et commanda finalement deux lasagnes fait maison avec des desserts. Il espérait qu’elle apprécie ce genre de nourriture, car il avait tout de même choisi pour elle.

Le garçon partit, les laissant seuls. Rhys se redressa sur sa chaise, cogitant sur la phrase qu’il essayait de dire. Finalement, il s’exclama :

– Vu que… euh… tu as nulle part où dormir, tu pourrais dormir chez moi.

Pendant un instant, il se sentit presque gêné de lui proposer ça. Mais la laisser dormir sous un pont était un crime ! Elle allait clairement tomber malade avec tous ces courants d’airs polaires. Il songea même à appeler Lily pour qu’il y ait une présence féminine, mais il se rappela que celle-ci avait un rendez-vous galant.

– Je veux dire… je sais que je ne te connais pas, mais ça me ferait vraiment de la peine de te laisser partir sous ce froid. Et puis, y a des gens louches dans les environs.

Il ajouta frénétiquement :

– Pas que je veux te faire peur. C’est que… je veux aider.

C'était la première fois qu'elle mettait les pieds dans un restaurant, et elle observait ce nouveau décor avec curiosité. Il y avait d'autres clients comme eux: des amis, des amoureux, des familles.. Son regard s'attarda sur ces dernières. Est-ce qu'emmener ses enfants au restaurant était une chose que les parents faisaient ?
Est-ce que ses parents l'y avaient emmené lorsqu'elle était petite ? Elle aurait aimé s'en souvenir si c'était le cas..

Intimidée, elle remonta l'écharpe de Rhys sur son visage quand le serveur vint prendre leur commande, fixant timidement la table. Stacy le laissa choisir, n'étant pas sûre de pouvoir lire le menu ou de réussir à prendre la parole devant le serveur, qui ne la mettait pas à l'aise du tout.

Il commanda des lasagnes. Elle ne savait pas ce que c'était, mais elle espérait que ce soit bon.
Il avait dit qu'il fallait quelque chose de chaud donc ca l'était probablement.
Le serveur partit et elle se detendit un peu, balançant doucement ses jambes sous sa chaise.

Stacy releva ses yeux bleus vers Rhys quand ce dernier repris la parole. Il lui proposait de l'héberger chez lui, pour lui éviter de dormir dehors.
Cela était souvent arrivé durant son voyage, des gens avaient eu de la peine pour elle et l'avaient hébergé pour la nuit. Mais elle ne s'y sentait pas à sa place.. et elle était encore proche de la Slovaquie, alors elle ne restait jamais longtemps.

Elle hocha timidement la tête pour répondre. La brunette ne voulait pas dormir à nouveau seule dehors cette nuit. En plus, il disait que des gens louchent traînaient ici, ça ne la rassurait pas.
"Oui... m-merci.."

Le serveur revint et elle se recroquevilla à nouveau sur son siège en fixant ses chaussures. Il servit ce qui devait être les lasagnes puis repartit.
Stacy avança un peu plus sa chaise, observant le plat avant de venir le titiller avec sa fourchette. Elle baissa l'écharpe sur son cou et commença à goûter la nourriture.
Ce qu'elle regretta lorsque cela lui brûla la langue.

Elle grimaça et avala rapidement, se brûlant la gorge au passage.

Rhys ne voulait pas lui faire peur avec ces histoires de mecs louches, mais il était nécessaire de la mettre au courant – surtout si son abri actuel était sous un pont. C’est donc la raison pour laquelle il refusait de ne rien faire, il voulait l’aider. C’était une ado perdue, sans parents et qui n’avait pas d’affaires. Autant signer son arrêt de mort s’il la laissait dans la nature.

Fort heureusement, Stacy accepta. Content, le loup lui fit un sourire doux.

– Il y a un supermarché près de chez moi, je t’achèterai tout ce dont tu as besoin pour que tu sois à l’aise.

La seconde d’après, le serveur était revenu avec les lasagnes. Rhys attendit un peu avant de manger, soufflant sur le morceau qui était sur sa fourchette. Ce que Stacy ne fit pas car à peine qu’elle avala, ses traits fins se transformèrent en une grimace. Le loup lui servit de l’eau et poussa le verre en sa direction.

– Tu n’aimes pas ? Ou alors c’est trop chaud ?

Il gouta pour voir et… se brûla aussi. Il se servit aussi de l’eau, buvant rapidement pour faire partir la douleur sur sa langue.

– Ouais, c’était bouillant… murmura-t-il, gêné.

Tout en attendant que le plat refroidisse un peu, il en profita pour poser quelques questions qu’il espérait être inoffensives.

– Tu es ici depuis longtemps ? Tu ne vas pas à l’école ?

Peut-être que son lycée pouvait l’aider, si elle allait dans un établissement. C’était tout de même étrange, cette situation. Il récapitula les indices : Stacy et son père étaient arrivés aux États-Unis. Ce connard de type la maltraitait donc, elle a fui. Pas de mère et probablement pas d’autre famille. En fait… cette fille était vraiment toute seule. Rhys eut un énième pincement au cœur.

Il commença à manger et entre deux bouchées, il l’observa.

– Tu n’as personne d’autre, pas vrai ? demanda-t-il subitement. Tu sais… tu pourrais rester chez moi plus longtemps qu’une soirée. J’ai un bureau dans mon appartement que je n’utilise jamais, j’y mettrai ton matelas.

Il se tut un instant, cherchant les bons mots.

– Et j’ai une… euh… thérapeute, ajouta-t-il d’une voix un peu plus basse. Tu peux lui parler si tu veux.

Il ne venait pas directement lui avouer qu’il voyait une psychiatre, juste qu’il en avait une comme contact. Rhys n’était pas encore prêt à avouer, encore moins à une ado qui avait déjà trop de problèmes, qu’il voyait une thérapeute.

Rhys préféra éviter de bombarder Stacy d’informations et se tut, continuant de manger. Et de se brûler.

Rhys avait l'air content qu'elle accepte, et lui souris. Stacy le regarda timidement sans lui rendre son sourire. Elle ne savait plus trop.. comment on faisait pour sourire. Ça faisait vraiment longtemps qu'elle ne l'avait pas fait.

Il lui parla d'un supermarché, près de chez lui. Elle n'avait pas compris ce que ce mot voulait dire, mais ce devait être un magasin puisqu'il parla d'acheter.
Acheter des choses pour qu'elle soit à l'aise ?
Stacy réfléchit. Prendre une douche ce serait bien.. et dormir dans une maison aussi, que ce soit sur le canapé ou par terre. Ça lui était déjà arrivé de dormir sur le sol, quand elle n'arrivait pas à se déplacer jusqu'à son lit, quand papa l'avait frappé trop fort.
Elle avait juste besoin d'être à l'intérieur, elle pourrait dormir en étant en sécurité. Elle n'avait pas besoin d'autre chose.
« Je.. douche et dormir sera assez.. c'est pas.. n-nécessaire d'acheter.. »

Elle ne voulait pas déranger...
Le serveur revint avec les plats. Elle le regarda un instant avant de baisser immédiatement la tête. Il lui faisait un peu peur..
Il partit rapidement et après avoir observé les lasagnes, la brunette en avala une bouchée, qui la brûla à son grand désarroi. Elle reposa sa fourchette et prit le verre que Rhys avait poussé vers elle, le vidant d'une traite.
Rhys se brûla aussi en goûtant les lasagnes et il se servit de l'eau à son tour.

Stacy posa on verre et préféra attendre que le plat refroidisse, ce que Rhys sembla faire également.
Il lui posa alors quelques questions, sûrement pour faire passer le temps.
« Hier soir.. Je.. je suis arrivée par avion. Et je.. Je vais pas à l'école.. »

Maman lui faisait l'école avant, du moins elle croyait. Elle n'était pas sûre, c'était il y a trop longtemps. Après son départ elle a appris toute seule, comme elle pouvait, avec les livres qu'il y avait dans la maison.

Elle imita Rhys quand il commença à manger. Elle ne se brûla pas cette fois. C'était bon.
Elle engloutit une grosse bouchée puis regarda Rhys quand il pris à nouveau la parole.
Elle ouvrit de grands yeux, peinant à croire ce qu'il venait de lui dire. Elle pensait que ce ne serait qu'une nuit, comme elle l'avait fait jusque là. Les gens ne pouvaient pas la garder chez eux, c'était illégal ils disaient, ils auraient des problèmes si cela se savait, alors c'était mieux qu'elle parte parce qu'ils ne pouvaient pas l'aider plus.
Mais lui il disait qu'elle pouvait rester plus longtemps. L'adolescente ne savait pas comment réagir face à cette nouvelle.
« v-vraiment..? Je vais pas déranger..? »

Il expliqua qu'elle pouvait parler à une..
« C'est quoi une t-thérap.. ? »

Elle n'arriva pas à terminer, le mot était trop dur à dire. Et elle sentait un regard peser sur elle, mais ne disait rien.

Rhys écarquilla les yeux. Se doucher et dormir serait assez ? Ce dont Stacy avait besoin, c’était du confort et du bien-être, pas du minimum requis. S’il voulait que l’adolescente reste chez lui, c’était pour qu’elle se sente comme à la maison… pas comme dans un refuge pour ados qui offrait généralement que le strict nécessaire.

Au moment où il voulut lui dire que ça ne lui dérangeait pas, le serveur était revenu avec les plats fumants. Stacy avala un petit morceau et se brûla avant de boire une gorgée d’eau – que Rhys avait poussé vers elle. Ce fut à son tour de se cramer la gorge. Il but lui aussi et toussota, quelque peu gêné.

En attendant que le plat refroidisse, il lui posa quelques questions auxquelles Stacy répondit. Hier soir ? Seule ? Ce n’était pas étonnant que l’adolescente n’allait pas au lycée. Cependant, son histoire devenait encore plus étrange. Est-ce qu’elle s’était fait voler ses affaires à l’aéroport ?

– Oh… fit Rhys, toujours intrigué.

Il avait tant de questions, mais il ne voulait pas lui mettre trop de pression. A la place, il se tut et commença à manger. Il déposa un instant sa fourchette et se redressa sur sa chaise. Rhys lui proposa alors de rester plus qu’une nuit chez lui, c’était toujours mieux que la rue ou les ponts…

– Non, pas du tout. Ça me dérange pas d’aider tu sais.

Le gallois enchaîna et lui fit une nouvelle offre, celle de parler à Lily. Cette dernière avait le don d’apaiser les gens avec ses mots et savait mieux communiquer que lui. Cependant, Stacy ne semblait pas connaître le mot. Il avait oublié qu’elle venait tout droit de la Slovaquie…

– Une amie à moi aide les gens en leur parlant, lui expliqua-t-il lentement. Ils se confient et elle écoute. Je me suis dit…

Il se tut, hésitant sur les mots à choisir avant d’ajouter :

– … que tu aurais probablement besoin de quelqu’un pour parler de ta situation. De ce qui t’arrive. Ça doit être dur mentalement, tout ça.

Ce n’était qu’une proposition et si elle refusait, il comprendrait. Après tout, Rhys avait mis du temps avant d’accepter qu’il lui fallait de l’aide. C’était peut-être son cas aussi et hors de question de la forcer à prendre une décision. Lily accepterait volontiers d’aider Stacy, en tout cas. Et gratuitement.

– Mais bien entendu, c’est comme tu le sens.

Il y eut un silence, plutôt agréable, durant lequel Rhys termina son plat. Il attendit que l’adolescente fasse de même et demanda qu’on apporte l’addition. Une fois fait, il déposa l’argent.

– Et euh… je n’ai pas de voiture, au fait. Il faudra prendre les transports. Mais ne t’inquiète pas, ça ne prendra pas très longtemps.

Il se leva, salua le serveur et guida Stacy hors du restaurant. Le métro était à une bonne dizaine de minutes de marche de là, il espérait arriver vite au supermarché – car il refusait de laisser Stacy sans confort, et lui acheter tout ce qu’il faut. Il se fit une liste mentale. Pyjama, brosse à dents, brosse à cheveux, quoi d’autre encore ?

Pourquoi Lily était occupée au mauvais moment ?

Les personnes qui l'avaient hébergé étaient gentilles mais.. Stacy n'arrivait pas à se sentir à sa place chez elles. Elle avait toujours eu l'impression d'être de trop, et de déranger. Alors elle ne s'attendait pas à ce que Rhys lui propose ça de lui-même.
Ça lui faisait plaisir mais elle avait un peu peur. Comment c'était de vivre normalement.. ? Est-ce qu'elle était capable de vivre chez lui en s'y sentant à l'aise ?
Et si elle le dérangeait ?
«..v-vous êtes sûr..? V-Vous allez pas vous.. la..ssé..?»

Les autres s'étaient lassés, non.. ? C'était pour ça qu'elle n'avait jamais pu rester longtemps..
Il lui proposait de parler à une thérapeute. Stacy ne connaissait pas ce mot, il était trop compliqué.
C'était une personne qui écoute les gens. Il pensait qu'elle avait besoin de parler de ce qu'il s'était passé.

Elle n'était pas sûre de.. réussir à parler de ça, avec une inconnue. Ni même avec qui que ce soit.. elle ne voulait pas y penser davantage.
L'adolescente hésita puis releva les yeux vers lui.

« J-je crois pas que.. j'arriverai à.. p-parler de ça.. »

Elle se plongea dans la contemplation de son assiette avan de recommencer à manger. C'était bon.
Quand ils eurent tous les deux fini, Rhys paya le repas puis lui expliqua qu'ils devaient prendre les transports en commun.
Stacy hocha simplement la tête en guise de réponse et suivit Rhys de près, sans regarder le serveur. Elle ne savait pas pourquoi mais il lui faisait un peu peur..

Elle remonta l'écharpe sur son visage une fois dehors. Il faisait plus frais que lorsqu'ils étaient arrivés.
Ils avaient à peine commencer à s'éloigner que quelqu'un les appela, la faisant sursauter. Elle attrapa la manche de Rhys et se rapprocha de lui, observant avec appréhension le serveur s'approcher d'eux.
« Vous aviez aussi commandé un dessert, vous avez oublié ? Est-ce que vous voulez revenir à l'intérieur pour pouvoir finir votre repas ? »

Son regard se posa sur elle et il sembla réaliser qu'elle était effrayée. Il leva ses deux mains comme pour lui montrer qu'il ne lui voulait pas de mal, mais cela eu pour effet de la faire se cacher davantage derrière Rhys.
« Ah excuse moi, je ne voulais pas te faire peur. Il y a des toilettes dans le restaurant, tu peux t'y rafraîchir si tu veux. »

Stacy lança un regard hésitant à Rhys avant d'hocher doucement la tête. Le serveur avait l'air content, et les guida à nouveau à l'intérieur en lui indiquant la direction des toilettes.
Elle y entra, pas vraiment rassurée dans la pièce étroite et déserte. Stacy se passa un peu d'eau sur le visage et la nuque, en essayant de calmer son anxiété.
Son t-shirt lui servit de serviette puis elle remis son écharpe et la veste de Rhys, avant de revenir dans la salle principale..
 

 
– Me lasser ? répéta Rhys, incrédule.

C’était une drôle de question. Pourquoi il se lasserait ?

– Non, je vois pas pourquoi.

Le gallois lui proposa alors de contacter Lily – enfin, si elle désirait parler à quelqu’un de sa situation. Ce fut donc sans surprise que Stacy refusa, il s’en doutait un peu mais la comprenait. Ce n’était pas facile de se confier à un inconnu et même lui avait eu du mal. Il n’insista pas et hocha la tête.

– Je comprends.

Ils terminèrent le repas et le loup prévint qu’ils allaient devoir prendre les transports, car il ne possédait pas une voiture. Faire son permis était une perte de temps, surtout à New-York où le métro était bien plus intéressant.

Ils marchèrent en silence, qui fut rompu rapidement par la voix de quelqu’un derrière eux. Rhys se retourna tandis que l’adolescente tressauta, son visage devenant plus pâle. Par ailleurs, sa petite main attrapa la manche du gallois qui lui jeta un coup d’œil inquiet. Le serveur accourait vers eux. Oh… les desserts. Il avait totalement oublié.

– Euh… Ouais, pourquoi pas.

Le serveur tenta de rassurer Stacy, mais cette dernière se dissimula derrière la carrure de Rhys qui était surpris. Est-ce qu’elle avait peur de ce mec ? Il n’avait rien de spécial, pourtant. Ses épaules étaient même frêles. Cependant, le gallois ne put s’empêcher de le jauger un instant. Il lui proposait d’aller se rafraîchir.

Le gallois se retourna vers l’ado qui fit de même. Celle-ci hocha la tête alors qu’elle semblait être hésitante. Si Stacy ne voulait pas rentrer dans le restaurant, ce n’était pas bien grave. Enfin, Rhys était là s’il se passait quelque chose de toute façon.

Le loup se posa contre le mur, préférant attendre debout. Il jeta un coup d’œil vers le serveur car ce dernier triturait ses doigts, comme s’il cherchait quelque chose à dire. Ses narines reniflèrent l’air, c’était un humain mais son odeur avait quelque de spécial. Il ne puait pas mais… il n’aimait pas ce qu’il sentait.

Il disparut dans la cuisine et revint quelques minutes plus tard, avant de déposer le sac en papier sur la table à côté d’eux. Rhys le remercia, mais ne prit pas directement les desserts.

– C’est votre fille ? demanda subitement le serveur, intéressé.
– Non.
– Oh.

Il y eut un silence plutôt gênant. Pourquoi il essayait de faire la conversation ? Il ne pouvait juste pas se taire ?

– Alors euh… vous aimez les petites jeunes ?

Rhys releva frénétiquement la tête vers le mec, haussant un sourcil.

– Pardon ?
– Je les aime jeunes aussi, vous savez. Vous voulez pas me donner son numéro, histoire que-

Le serveur ne put terminer sa phrase car Rhys venait d’attraper son col d’une poigne ferme, faisant tomber la chaise à côté. Il avait rapproché le jeune homme près de lui et ce dernier avait écarquillé les yeux, ne s’attendant pas à une telle réaction.

– Tu vas m’écouter, espèce de gros dégueulasse. La prochaine fois que tu ouvres ta gueule pour dire ce genre de choses, je vais te-
– Wow, on peut se la partager, c’est pas grave ! trancha le serveur en relevant ses mains comme tout à l’heure.

C’était un putain de pédophile ! La patience de Rhys, qui était normalement exceptionnelle, ne dura pas très longtemps. Il sut que cela ne servait à rien de discuter avec et de son autre poing, il l’abattu sur son visage. Sous la force, le serveur s’écria et tituba en arrière, tombant au sol. Rhys rattrapa à nouveau son sol pour le relever à peine. Leur altercation avait attiré un autre serveur qui jeta un rapide coup d’œil avant de s’enfuir à nouveaux dans les cuisines.

– Si je te vois dans les environs, c’est pas qu’un coup de poing que je vais te mettre dans la gueule, t’as compris ?

Du sang s’était mis à s’écouler sur sa bouche et il hocha rapidement la tête, tremblant de ton son corps. Le gallois le laissa tomber et tandis que le serveur se releva avec peine, Rhys attrapa les desserts et attendit à nouveau Stacy. Bien sûr, il ne manqua pas de le surveiller du coin de l’œil. Il aurait très bien pu le tabasser, mais l’avertissement semblait fonctionner.
 

Stacy hocha la tête sans oser parler. Est-ce que c'était bizarre de dire ça ?
Il lui dit qu'il ne se lasserait pas d'elle parce qu'il n'y avait pas de raison.
La brunette tritura nerveusement sa fourchette.
"J'ai pas de pa-papiers.. c'est pas.. v-vous pouvez avoir d-des problèmes.."


Elle réfléchit à sa proposition de parler à son amie, mais refusa rapidement. Se confier à une inconnue n'était pas dans ses capacités pour le moment..
Elle termina son plat, et Rhys paya avant de la guider hors du restaurant, croisant leur serveur dont elle évita soigneusement le regard.

Le froid la fit légèrement frissonner une fois à l'extérieur et elle resserra la veste de Rhys sur son corps.
La voix qui surgit brusquement de derrière la fit sursauter et s'aggriper à la manche de Rhys. C'était le serveur.. Ils avaient oublié de manger les desserts. Il esquissa un mouvement vers elle tout en levant les mains et elle se dissimula davantage derrière le gallois.



Ne sachant pas dire non, elle hocha timidement la tête à sa suggestion d'aller se rafraîchir aux toilettes.
Stacy se passa un peu d'eau sur le visage et tâcha de se calmer, sans comprendre pourquoi le serveur la rendait si anxieuse. Elle renfila son écharpe et pris la veste dans ses mains, pour ne pas avoir trop chaud.


Elle sortit des toilettes quelques minutes plus tard et se dirigea vers l'entrée, supposant que Rhys se trouvait là.
Mais le serveur vint à sa rencontre à peine avait-elle commencer à s'éloigner des toilettes.
Il avait l'air pressé et anxieux.
"Tu vas mieux ? Écoute, je sais que ton copain est du genre euh.. jaloux et violent, mais tu peux me laisser ton numéro si tu veux."

Il parlait vite comme s'il cherchait à se débarrasser de ça rapidement.
Stacy cligna des yeux, comprenant difficilement ce qu'il venait de dire.

"J-Je.. J'ai pas de.. nu-numéro.."


Elle souffla ça d'une petite voix devant son regard insistant, en se demandant pourquoi elle était sensée avoir un chiffre à donner.
Stacy déglutit nerveusement et esquissa un pas pour le contourner, mais il la retint par le bras et se rapprocha d'elle.
"Oh bah tu peux revenir ici sinon. Je te payerais le repas si tu veux."


Stacy fit un petit "hm-hm" en regardant sa main, toujours posé sur son bras. Son pouce traçait des petits cercles sous sa manche qui la rendait nerveuse. Et elle n'aimait pas cette proximité.
Mais elle n'osait pas bouger pour le contourner, de peur qu'il la retienne à nouveau.

"Hm.. ta peau est douce. Tu as quel âge ?"


Il avait l'air plus détendu, comme si il avait brusquement oublié ce qui le rendait nerveux plus tôt. Stacy commença à regarder autour d'elle, espérant que quelqu'un soit dans les environs et le serveur la lâcha subitement.
Cela avait à peine durer plus de quelques minutes mais elle avait eu l'impression que c'était des heures.

Rhys tripotait avec l’emballage en papier des desserts et jetait de temps en temps des coups d’œil vers le serveur. Ce dernier avait essuyé sa bouche avec un mouchoir et il ne restait qu’une petite coupure à la lèvre. Cependant, les tremblements n’avaient pas cessé et il semblait anxieux, n’arrêtant pas de regarder le couloir qu’avait pris Stacy.

Soudain, il se releva et accourut vers la direction. Rhys se redressa sur sa chaise et hésita à le suivre. Le couloir était sombre et les toilettes se trouvaient vers la droite, impossible de les voir. Le loup s’était levé, s’approchant lentement. Tout à coup, son oreille s’ajusta. Il entendait quelque chose. Des voix. Lorsque son ouïe capta enfin la source, il fronça les sourcils. C’était le serveur et il parlait à l’adolescente.

« Je te payerais le repas si tu veux » Ce sale gosse de merde, songea Rhys avec colère. Ce dernier prit la décision d’intervenir et alors qu’il s’approchait, il put les repérer. Le serveur avait déposé sa main sur le bras de Stacy et la draguait sans aucune gêne. C’était un enfant et il était un adulte ! Pourquoi c’était si dur de comprendre que c’était malsain ?!

Une fois derrière eux, le gallois claqua sa main, sans mesurer sa force, contre l’épaule du mec. Celui-ci étouffa un cri et lança un regard noir vers son « agresseur » avant de lâcher Stacy. Rhys fit un sourire forcé.

– Elle a 16 ans, dit-il tout en serrant sa poigne.

Il enfonça son pouce dans sa clavicule. En fait, son âge lui était inconnu mais il assuma qu’elle avait environ seize ans. En tout cas, il était certain que c’était une mineure. Le serveur tenta de se débattre discrètement.

– Vous avez récupéré tout ce qu’il – aïe ! – fallait ?
– Oui et on ne reviendra plus ici. La nourriture était dégueulasse.

C’était un mensonge, c’était même très bon. Rhys le lâcha subitement et le poussa un peu contre le mur. Il se tourna vers Stacy, les traits de son visage s’adoucissant.

– Tu viens ? J’ai les desserts, on les mangera à la maison.

« A la maison » … c’était sorti tout seul. Il releva le paquet en papier vers l’adolescente. Rhys commença à partir, espérant avoir fait assez peur au serveur. Ce dernier se massait l’épaule, les larmes aux yeux. Une fois à l’extérieur, l’air frais l’apaisa un peu. Il était temps de rentrer, à présent.

– Ce garçon était très bizarre, j’ai dû lui donner… deux trois leçons, avoua Rhys à Stacy.

Il ajouta frénétiquement :

– Rien de bien méchant, bien sûr. Juste une discussion d’homme à homme.

Ils s’éloignaient du restaurant et cette fois-ci, le loup s’assura que le serveur ne les suivrait pas. Son ouïe s’était aiguisée et son odorat était préparé. D’ailleurs, il en profita pour renifler Stacy afin de savoir si c’était une simple humaine. Et… il fut surpris. Il ne sentait absolument rien. C’était le néant. Il fronça les sourcils et tenta le coup une nouvelle fois. Non, il ne sentait… rien. C’était bizarre, tout le monde avait une odeur – enfin, d’après lui.

Il balaya ses pensées. Le fait qu’un humain n’ait pas d’odeur pouvait exister, il n’avait pas senti la planète entière après tout.

Gênée, Stacy avait commencé à regarder autour d'eux, à la recherche d'une aide quelconque pour lui permettre d'échapper au serveur. Elle n'osait pas bouger ou parler d'elle-même pour se sortir de cette situation, elle avait toujours été immobile et silencieuse lorsqu'elle se sentait en danger, sans pouvoir agir.
Elle poussa un soupir de soulagement quand le serveur la lâcha finalement.

L'adolescente ne remarqua alors la présence de Rhys que lorsqu'il prit la parole, la faisant sursauter. Ayant gardé les yeux fixés sur la main du serveur, elle ne l'avait pas vu arriver.
Elle en profita pour reculer un peu et mettre un terme à cette proximité forcée, tandis que lui et Rhys.. "bavardaient" ?
Le serveur semblait avoir un peu mal, sans que Stacy ne comprenne pourquoi.

Puis Rhys le lâcha et le poussa contre le mur comme une pantoufle.
Il se tourna ensuite vers elle en lui expliquant qu'il avait récupéré leurs desserts et qu'ils allaient pouvoir les manger à la maison. La brunette n'avait pas très envie de manger au restaurant alors elle hocha la tête et remis la veste sur ses épaules avant de le suivre à l'extérieur.

Il faisait toujours un peu froid mais ça ne la dérangeait pas.
Rhys lui parla du serveur, et qu'il avait dû discuter avec lui. Il était bizarre oui. Sa présence l'avait rendue très nerveuse, plus qu'elle ne l'était habituellement.
"Je.. comprends. Il faisait p-peur."

Ils se mirent à nouveau en marche, et arrivèrent dans la station de métro bondée. Stacy attrapa à nouveau la manche de Rhys, par peur de le perdre dans la foule et de se retrouver toute seule. Elle n'était pas très à l'aise dans un endroit aussi bondé.. Elle ne l'avait pas été non plus à l'aéroport. Il y avait trop de monde, trop de bruit.

Heureusement, Stacy avait aussi compris que le serveur était louche.

– Il faut faire attention à ce genre de mecs, marmonna le loup.

Tandis qu’ils marchaient, l’air frais effaça peu à peu la colère qu’avait Rhys. Son odorat était finement aiguisé, prêt à intercepter le pédophile s’il en venait à les suivre. Fort heureusement, ce n’était pas le cas et c’est cinq minutes plus tard qu’ils arrivèrent à la station de métro.

Qui dit heure de pointe, dit foule. Les gens ne cessaient d’aller et venir. Soudain, Rhys sentit une petite main agripper sa manche et il baissa son regard vers Stacy. Ça ne lui dérangeait pas, c’était étrange. Ils s’approchèrent d’un distributeur et Rhys commanda deux tickets au cas où, qu’il tendit à la jeune fille.

– Fais comme moi.

Il la guida vers les portiques et plaqua son abonnement contre la machine qui fit une tonalité aigüe. Une fois passé de l’autre côté, le loup se retourna et attendit sagement. Ils pouvaient prendre le métro maintenant.

**

Le trajet s’était bien passé, bien que bruyant. Cette fois-ci, il avait vérifié qu’aucun homme n’avait regardé bizarrement Stacy. Son appartement se situait dans le coin, mais hors de question de rentrer sans passer par le supermarché.

– On va prendre quelques affaires comme ça tu dormiras tranquillement, prévint Rhys en entrant dans un magasin.

Il était temps de faire ce qu’il redoutait le plus depuis tout à l’heure. Faire des courses pour une fille. Qu’est-ce qu’une adolescente avait besoin ? Ses pas l’amenèrent dans la rangée des besoins. Il prit une brosse à dent, un dentifrice, une brosse à cheveux, des… serviettes hygiéniques malgré qu’il hésita avant. Puis son regard s’arrêta sur un pyjama mignon avec des motifs d’animaux dessus. Il le montra à Stacy.

– Tu aimes bien ? Je le prends ?

Qu’est-ce qu’il manquait encore ? Ahh, il voulait tellement envoyer un message à Lily !

Stacy opina lorsque Rhys lui dit qu'elle devait faire attention aux hommes comme le serveur. Elle avait eu un mauvais sentiment depuis le début, et elle avait senti un regard pesant sur elle pendant qu'ils mangeaient. Peut-être qu'elle aurait dû lui dire..
« I-Il me faisait p-peur depuis le début.. Je crois qu'il.. me regardait pendant q-qu'on mangeait.. j'ai pas osé le dire, d-désolée.. »

Elle baissa timidement les yeux en le suivant vers le métro, emmitouflée dans le manteau et la grosse écharpe. Une fois arrivés, elle constata la foule qu'il y avait et s'aggripa immédiatement à la manche de Rhys, par peur de se faire engloutir par tout ce monde.

Il acheta deux tickets dans un distributeur et lui en donna un, avant de la diriger vers les portiques. Stacy observa ce qu'il faisait puis, quand il fût passé, elle reproduit timidement ce qu'il avait fait et traversa le portique à son tour. Elle rejoignit Rhys et attrapa à nouveau sa manche pour le prendre le métro. Il y avait beaucoup de monde là aussi, ils étaient obligés de rester debout. Trop petite pour tenir atteindre la barre de soutien, elle tint le bras de Rhys pour ne pas perdre l'équilibre.


Une fois le trajet en métro finit, Rhys lui dit qu'ils allaient passer acheter des affaires pour qu'elle puisse dormir, et il entra dans un magasin. Stacy trottina derrière lui et entra dans le magasin à son tour, avant de regarder avec curiosité les différents rayons que Rhys traversa, sans faire attention à ce qu'il lui prenait.

Jusqu'à ce qu'il lui demande ce qu'elle pensait d'un pyjama avec des motifs d'ourson dessus. Elle s'en approcha pour toucher le tissu. C'était tout doux, comme la laine d'un mouton.

« Je l'aime b-beaucoup. C'est doux.. »

Rhys écarquilla ses yeux pendant un instant.

– Ne t’excuse pas, c’est pas du tout ta faute, rassura frénétiquement le loup.

Après de longues minutes à marcher à travers le froid glacial de New-York, ils arrivèrent à la station de métro et y prirent des tickets. Rhys lui montra comment faire et une fois de l’autre côté, la jeune fille rattrapa sa manche.

Le métro était bondé et il était donc impossible de s’asseoir, et encore moins de se tenir pour Stacy qui avait attrapé son bras. Le loup jetait de temps en temps des regards sombres vers les hommes qui s’approchaient trop. Hors de question que la jeune fille rentre chez lui traumatisée par le métro.

Arrivés au Bronx, la nuit était tombée et les magasins commençaient à doucement fermer. Rhys en trouva un près de chez lui et y entra. Il fallait faire quelques courses pour sa nouvelle invitée. Le caddie fut rempli à une vitesse impressionnante et lorsqu’il vit un pyjama mignon, il le montra à Stacy pour avoir son avis.

Cette dernière l’aimait bien, disant qu’il était doux.

– Adjugé, je le prends.

Une fois mis dans le charriot, il répéta mentalement les articles qu’il avait pris. Dans le rayon de la nourriture, il prit des aliments pour un plat facile à faire pour demain matin. Ses yeux se dirigèrent vers la rangée des jouets. Ce n’était pas de son âge, non ? Les jeunes d’aujourd’hui préféraient les téléphones et autres babioles technologiques.

Il attrapa tout de même une peluche qu’il déposa dans le chariot.

– Je pense qu’on a tout, conclut le loup.

Ils allèrent donc à la caisse et il paya le tout, content d’avoir pu acheter ce qu’il fallait. Rhys décida de porter tous les sacs qui étaient bien trop lourds pour la jeune fille. Dehors, l’air glacial le fit frissonner.

– Mon appart’ est à l’autre bout de cette rue, dit-il à Stacy en pointant du doigt la direction.

Ils marchèrent au mois cinq minutes avant d’arriver à son domicile, qui était dans un quartier relativement calme pour une ville malfamée qu’était le Bronx. Rhys guida Stacy à l’intérieur et à peine qu’ils déposèrent un pied dans l’ascenseur, qu’une touffe noire entra subitement.

C’était sa proprio. Celle-ci salua Rhys d’un signe de la main (le gallois fit de même) et tourna la tête vers Stacy. Elle fit de gros yeux et imita quelqu’un qui berçait un bébé dans ses bras.

– Oh, c’est pas ma fille, répondit le loup. Elle n’a plus de parents et pas de maison, je l’héberge.

« Plus de parents » oui enfin, si on ne comptait pas son connard de père. Shuanli, sa propriétaire, prit un air admiratif et tapota l’épaule de Rhys comme si c’était son fils. Tandis que l’ascenseur montait – très lentement car c’était une vieille machine, la chinoise se retourna vers Stacy une nouvelle fois pour la regarder avec un grand sourire.

– Elle est muette, prévint Rhys vers l’ado. Mais on dirait qu’elle t’aime bien.

Ils étaient enfin arrivés à la maison. Shuanli partit de son côté, les laissant dans le couloir. Rhys déposa les sacs pour ouvrir la porte et entra, laissant passer aussi Stacy.

– Voilà, on est arrivés chez moi. C’est pas très grand mais c’est confortable.

Tandis qu’il parlait, il alluma le chauffage. Rhys se rappela soudainement les desserts et les sortit.

– Viens, on va les manger.

C’était la première fois que Stacy entrait dans un supermarché pour faire des courses. Elle suivait Rhys de près tout en laissant ses yeux parcourir les rayons. Le caddie se remplissait vite sans qu'elle n'y fasse attention. Cette dernière fût attirée par le pyjama que Rhys lui présenta. Il était mignon avec ses motifs de nounours, et il avait l'air doux.
Stacy le toucha pour en être sûre, et dit à Rhys qu'elle l'aimait bien. Il le posa alors dans le caddie et se déplaça dans un autre rayon. Elle l'observa prendre différents aliments avec curiosité.
« V-Vous savez cuisiner ? »

C'était toujours la maman qui cuisinait dans les familles qui l'avaient hébergé, le papa ne le faisait pas. Son papa cuisinait parfois, mais plus souvent pour lui. C’était aussi sa maman qui cuisinait, quand elle était encore là. Alors elle était étonnée que Rhys cuisine.
À moins qu'il n'y ait une maman chez lui ?
« Vous vivez s-seul..? »

Elle baissa les yeux, un peu gênée d'avoir posé toutes ces questions. Ils terminèrent les courses et Stacy le vit glisser une peluche dans le caddie. C'était une peluche pastel en forme d’un animal mignon qu'elle n'avait jamais vu.
« C'est quoi comme.. animal ? »

Elle garda la peluche contre elle en détournant timidement les yeux puis le suivi jusqu'à la caisse, posant la peluche sur le tapis roulant, au milieu des autres articles. Rhys se retrouva avec plusieurs sacs à porter et frissonna en sortant, ayant visiblement froid.
Stacy déroula l'écharpe autour de son cou et trottina jusqu'à se retrouver devant lui. Se mettant sur la pointe des pieds, elle leva les bras pour lui mettre l'écharpe du mieux qu'elle pu.

Ensuite, elle le suivit jusque dans un immeuble, puis dans un ascenseur. Une dame y entra juste après. Elle eut l'air surprise de la voir et bougea ses bras comme pour mimer quelque chose. Stacy la regarda faire, curieuse. Rhys semblait la comprendre lui, et lui répondit, l'adolescente comprenant alors que la dame l'avait interrogé à propos d'elle.

La brune se tourna vers elle pour lui sourire, et Stacy lui rendit un regard timide. Elle ne savait pas trop quoi dire comme elle ne comprenait pas la dame. Elle se demandait pourquoi elle ne parlait pas, et Rhys lui expliqua qu'elle était muette. Alors c'était pour ça qu'elle n'avait pas parlé depuis qu'elle les avait rejoint dans l'ascenseur.
Elle lui fit un petit signe de la main puis baissa les yeux et attendit nerveusement que l'ascenseur s'arrête. Elle se demandait à quoi pouvait bien ressembler l'appartement de Rhys.. Elle n'était jamais allée dans un appartement avant en fait.

L'ascenseur s'arrêta et la dame partit de son côté tandis que Rhys l'emmenait dans chez lui. Il lui demanda ensuite si elle voulait prendre une douche ou manger son dessert. Stacy mis quelques secondes avant de répondre.
« U-Une douche avant.. »

La voix de l’adolescente à côté de lui le surprit. Il ne s’attendait pas à cette question.

– Euh… je dirai que oui.

Il préférait la nourriture de sa proprio, mais il ne voulait pas passer pour un fainéant. Autant lui faire un bon petit déjeuner pour le lendemain matin. Puis, Stacy lui demanda s’il vivait seul. Il lui répondit tout en attrapant des bouteilles d’eau.

– Oui, je n’ai pas de femme ni d’enfants.

Et à son âge, il était temps… même s’il ne se sentait pas du tout pressé. Il avait déjà du mal à s’occuper de lui-même. Avant d’aller à la caisse, il attrapa une peluche toute mignonne que la jeune fille attrapa contre elle. Maintenant, son air enfantin ressortait encore plus. Un sourire traversa le visage normalement aigri du gallois.

– C’est un koala, je me suis dit que ça ferait un joli cadeau… répondit-il en espérant qu’elle apprécie le geste.

Une fois le tout payé, ils sortirent et l’air glacial fit frissonner le loup. Soudain, une chaleur entoura son cou et il baissa les yeux vers Stacy. Cette dernière venait de lui remettre l’écharpe. Il voulut protester, mais il était complètement gelé. A la place, il la remercia.

Ils étaient enfin à l’intérieur et la chaleur du bâtiment le soulagea, ils entrèrent dans l’ascenseur et furent rejoint par sa propriétaire, Shuanli. Celle-ci tenta de communiquer avec eux, étant muette, et fit la rencontre de Stacy. Sa proprio avait tendance à être méfiante avec les étrangers, mais cette fois-ci elle apprécia vite l’ado.

Dans l’appartement, Rhys déposa les articles et proposa à son invitée de manger ou de d’abord prendre une douche. Stacy préféra le deuxième choix, ce qui était probablement mieux. Au passage, il attrapa le sac en plastique où se trouvait les nouveaux habits.

– Viens, je vais te montrer la salle de bain.

Il la guida vers la pièce et lui expliqua le système de la douche, avant de lui donner des serviettes de bain. Rhys déposa le sac sur le comptoir.

– Je vais préparer ton lit en attendant, du coup prends tout ton temps.

Et il repartit, prenant soin de fermer la porte derrière lui. Rhys attrapa son matelas de « secours », qui était neuf et caché sous son lit, puis partit dans le bureau délaissé. La table mise de côté, le chauffage allumé, il déposa le nouveau matelas et ajouta deux couvertures bien chaudes. C’était peut-être de trop, non ? Bon, au moins c’était impossible d’avoir froid.
Avant de partir, il plaça la peluche sur le lit. Rhys s’affala dans le canapé du salon. C’était étrange de ne plus être tout seul à la maison. Le fait de revenir chez lui sans accourir à son frigo pour prendre une bière lui fit même du bien.

Stacy baissa timidement les yeux et se mordit la lèvre.
"D-Donc... vous êtes tout seul vous aussi.. ?"

Elle pensait qu'il n'y avait qu'elle qui n'avait pas de famille..
Tous ceux qui l'avaient accueillis avaient une famille heureuse. L'adolescente saisit la mignonne petite peluche dans le caddie et la serra contre elle, tout en lui demandant de quel animal il s'agissait. Elle n'en avait jamais vu, mais c'était mignon comme bête.
Son nom aussi était mignon.
"Merci.."

Elle rougit et lui lança un regard reconnaissant.
C'était gentil...
Ils sortirent du magasin et Stacy remarqua que Rhys frissonnait. Elle enleva timidement son écharpe et la lui mis pour le réchauffer un peu.

Ils marchèrent ensuite quelques minutes jusqu'à atteindre l'immeuble du gallois, et ce dernier la guida dans l'ascenseur, où une dame les rejoignit. Elle était muette mais Rhys semblait la comprendre.
Elle sortit au même étage qu'eux et Rhys l'emmena dans son appartement.

Il lui demanda alors si elle préférait prendre une douche ou bien manger son dessert. Stacy hésita quelques secondes puis choisit la douche. Il lui montra la salle de bain avant de lui expliquer le fonctionnement de la douche et de lui laisser des serviettes ainsi que le sac contenant son pyjama.

Elle le remercia et une fois qu'il fût parti, se glissa sous l'eau froide. Ça l'aidait à se remettre les idées en place. Et après ce long voyage et le serveur étrange qui l'avait laissé décontenancée, elle en avait bien besoin.
Une quinzaine de minutes plus tard, elle sortit de la salle de bain, les cheveux encore un peu humides, mais se sentant confortable dans son pyjama.
"J-J'ai fini.."

Elle balbutia ça à Rhys une fois dans le salon, tout en triturait nerveusement ses mains. Puis elle vint s'installer sur le canapé à son tour. À partir de là, elle ne savait pas trop quoi dire ou faire alors elle garda le silence.

« Vous êtes tout seul vous aussi » Il avait de la peine pour la jeune Stacy. Cette dernière n’avait ni mère, ni père – du moins son géniteur actuel était une sous-race. Il hocha la tête.

– Yep.

En revanche, il s’était habitué à la solitude. De temps en temps, il ressentait l’envie d’avoir des amis, une famille, une femme… puis, la peur reprenait bien vite le dessus. C’était un alcoolique, un type qui se battait pour du fric et était un fichu loup-garou. Qui voudrait d’un père pareil ? Personne.

Une fois en dehors du magasin, le froid glacial le frit frissonner, mais grâce à Stacy, l’écharpe fut enroulée autour de son cou. Réchauffé, ils entrèrent à la maison. Ils firent la brève rencontre de sa propriétaire.

A l’appartement, Rhys demanda l’ado si elle voulait d’abord manger le dessert ou prendre sa douche. Elle prit le deuxième choix. Il lui expliqua le système de la douche, puis prépara son lit dans le bureau délaissé.

En attendant la jeune fille, le loup sortit les deux desserts avant de les poser sur la table basse. Il jetait un coup d’œil à son téléphone – ou plutôt l’application « Phases lunaires », lorsqu’il entendit une petite voix. Stacy venait de terminer sa douche et s’était mise à côté de lui, silencieuse.

Rhys attrapa les desserts et en tendit un à son invitée avec un sourire.

– J’espère que tu vas aimer.

Goinfre qu’il était, il commença déjà à manger. C’était trop chocolaté, mais son estomac ne refusait jamais rien.

– J’ai fait ton lit et j’ai déposé ta peluche dessus, prévint-il avant de prendre une nouvelle bouchée.

Que faisaient les adolescents, en général ? La plupart traînaient sur des ordinateurs ou sur les réseaux sociaux, mais c’était sa première nuit ici. Il n’allait pas lui donner un PC et lui dire « débrouille-toi ». Déjà, parce que ce n’était pas poli.

– Tu veux regarder un film ?

Il ajouta rapidement :

– Enfin, sauf si tu es trop fatiguée pour ça. C’est comme tu veux.

Sa nature gloutonne reprit le dessus, Rhys pointa les placards de la cuisine.

– Je peux faire du pop-corn aussi.

Stacy était un peu triste que Rhys soit seul aussi, mais elle se sentait aussi rassurée en un sens. Il n'y avait pas qu'elle qui était toute seule.
Mais maintenant, elle l’était un peu moins.

Ils arrivèrent dans l'appartement de Rhys et Stacy prit rapidement sa douche avant de se sécher et d'enfiler son pyjama. Elle rejoignit ensuite le gallois, annonçant sa présence d'une petite voix, puis vint s'installer sur le canapé avec lui.

Ils étaient sensés manger les desserts, mais l'adolescente n’osait pas réclamer. Rhys fit le premier pas en lui donnant son dessert et commença à manger le sien, Stacy le suivi donc timidement et commença à manger également en essayant de ne pas se salir. Ça avait un fort goût en chocolat mais elle aimait bien.

Il lui expliqua avoir fait son lit et y avoir mis sa peluche koala. Une fois les desserts finis, il lui proposa de voir un film. Stacy pencha la tête en essayant de comprendre ce que c'était. Elle avait déjà entendu des gens dirent ce mot.. c'était quelque chose sur la télé non ? Elle hocha la tête néanmoins, n'étant pas si fatiguée.
La mention de « popcorn » lui arracha une pour perplexe. Elle compris que c'était quelque chose qui se mangeait mais n'avait aucune idée de ce que c'était.
« D-D'accord.. c'est quoi ? »

Après sa réponse, elle se dirigea dans le bureau rebaptisé en chambre et récupèra la petite peluche, avant de suivre Rhys dans la cuisine, l'observant faire le popcorn avec curiosité.